Prix public : 18,30 €
La Lorraine. Dans le paysage de fer et d?acier ravagé par la crise de la sidérurgie, l?implantation à coups de subventions publiques de trois usines du groupe coréen Daewoo, fours à micro-ondes, téléviseurs. Entre septembre 2002 et janvier 2003, fermeture brutale des trois usines, dont une sera incendiée. Pourtant, la première fois que j?entre à Fameck dans l?usine vide, vendue aux enchères, aucune trace de cette violence sociale qui a jeté sur le pavé 1200 personnes, des femmes surtout. Au cours de mes visites, j?en rencontrerai bien sûr. Des voix toutes chargées d?émotion, la violence du travail à la chaîne, et la violence ensuite des luttes. Comment affronter maintenant le quotidien vide, et ce qu?il en est pour les enfants, pour le temps, pour sa propre idée de la vie ? Ces récits entendus, les transcrire ne suffit pas : il faut raconter, reconstruire, la cellule de reclassement, les appartements où vous êtes reçu et le supermarché. Ce qui est proposé comme nouvelles figures du travail ? Centres d?appels, marché du chien. Il faut aussi entrer dans les silences. On vous parle d?une qui n?est plus. Ce n?est pas un livre prémédité : il s?agissait au départ de jouer, ici même, une pièce de théâtre. Et puis, à cause des visages, pour la densité des mots en partage, je décide d?écrire. Si les ouvrières n?ont plus leur place nulle part, que le roman soit mémoire. F.B.