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« DÉMOSTHÈNE : ne prononçait pas de discours sans avoir un galet dans la bouche », écrit Flaubert dans son Dictionnaire des idées reçues. Cet Athénien qui bégayait, bafouillait et avait le souffle court devint pourtant à force d'obstination et d'exercices aussi variés que pittoresques le plus brillant orateur de l'Antiquité. Il exhorta ses concitoyens à tenir leur rang, défendant l'indépendance d'Athènes, la démocratie et la liberté, et se suicida pour échapper aux agents de la Macédoine. Héros, martyr et saint laïc tel que le célèbrent les manuels de la Troisième République ? Ou bien homme d'État corrompu aux moeurs efféminées, lâche, hypocrite ? Démosthène continue à convaincre ou à irriter comme s'il s'agissait d'un homme politique contemporain. Loin d'être un idéaliste naïf, il est l'un des principaux théoriciens des relations internationales. Comme Thucydide, il pense que l'impérialisme est une loi universelle mais pour autant il ne le justifie pas, et face à Philippe de Macédoine il prône le rapprochement d'Athènes avec les Perses et Thèbes. La volonté de puissance expansionniste est, pense-t-il, la conséquence du renoncement à la puissance de certains États : « La sauvegarde des démocraties, ce n'est rien d'autre que la défiance. »