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De toutes parts montent les discours de la peur, des peurs. Peur de l?insécurité, de la précarité, du chômage. De la violence, de la marginalisation, d?être délocalisé. Peur de l?ouvrier chinois, du plombier polonais, de son collègue de travail, du terroriste. Peur aussi de ce que l?on mange, de ce que l?on boit, de son corps. Peur du changement climatique. Peur intime et peur publique. Peur de tout. Cette montée de la parole collective sur l?angoisse pourrait être positive : connaître et énoncer ses peurs, c?est déjà les combattre. Il suffirait de changer de regard, de déchausser les lunettes de la morosité ambiante pour prendre une mesure apaisée des évolutions positives comme des risques encourus par nos sociétés contemporaines. Or c?est tout le contraire qui se passe : loin de se réduire, nos peurs grandissent chaque jour un peu plus. Pourquoi a-t-on tant de mal à les affronter, dans un contexte qui est loin de s?être autant détérioré qu?on voudrait nous le faire croire? L?exploitation de l?angoisse rapporte, et parfois beaucoup, au sens propre. Mais qui a intérêt à gouverner par la peur ? Quelles formes de résistance et quelles alternatives peut-on y opposer ?