Prix public : 30,50 €
William Blake (1757-1827) est bien connu du public comme dessinateur, graveur, peintre, aquarelliste; le succès renouvelé des expositions de la Tate Gallery l’atteste. La variété des œuvres picturales séduit chez cet artiste proche de Henry Fuseli, à mi-chemin entre le «gothique» et le fantastique selon Goya, qui a en outre illustré la Bible, Dante, Shakespeare ou Milton. Mais Blake est aussi un poète considérable qui –fait assez exceptionnel– a lui-même illustré ses œuvres poétiques. Certes, «innocence et expérience», ou Le Mariage du ciel et de l’enfer ont toujours été associés à Blake; cependant cela a conforté sa réputation de naïf ou d’illuminé pour de mauvaises raisons, car l’essentiel de l’œuvre poétique est demeuré fort longtemps méconnu, voire même pratiquement inédit. Cet ouvrage propose un portrait qui s’efforce d’être complet, avec une biographie, restituée à partir des faits connus, des journaux, lettres, anecdotes dont on dispose, une introduction à l’ensemble des œuvres picturales ou poétiques, sans les amputer de la moitié d’entre elles, et en s’interrogeant sur les rapports que gravure et écriture (la plume et le burin) entretiennent. Songeons que la plupart des poèmes sont publiés sans les illustrations avec lesquelles Blake les a conçues, alors qu’il s’agit d’un double texte, pictural et verbal, quelquefois sur la même page. Le grand prêtre James Joyce fut l’un des premiers à exhumer et à utiliser cette œuvre singulière. Les titres étranges ou insolites (Urizen, Ahania, Thel, L’Amérique, Tiriel, Milton, Jérusalem) nous font découvrir hommes, femmes, enfants –un univers humain appréhendé dans sa gloire et sa boue, entre abjection et sublime, véritable archipel avec ses bas-fonds, ses coraux, ses écumes, ses vagues successives– Jésus selon Blake y émergeant en surimposition. Présenter Blake comme un précurseur ou un «pré-romantique» n’a plus guère de sens. Son œuvre s’impose comme un roc sur un océan, énigmatique et d’une troublante immédiateté. Armand Himy, professeur émérite de l’Université Paris-X, a enseignéla littérature anglaise et américaine en France et à l’étranger. Ses travaux comprennent des études sur Milton (Milton, Fayard, 2003), les poètes métaphysiques anglais, le puritanisme ainsi que des traductions dont une édition bilingue du Paradis perdu, et des nouvelles américaines contemporaines.