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Le Bon Mari est le titre d’un conte de Marmontel, écrivain des Lumières, dont le héros vertueux convertit sa jeune femme mondaine aux bienfaits d’une vie conjugale placée sous le signe du bien commun. Ce « bon mari » préfigure le citoyen révolutionnaire, à la fois fils de famille que la Révolution émancipe de la puissance paternelle et pater familias ayant capacité à parler et à voter au nom des plus « faibles » : les femmes, les enfants et les domestiques. L’autorité familiale, qui dans la société d’Ancien Régime était réservée à l’aîné des mâles en ligne verticale, passe avec la Révolution à l’individu-citoyen, chef d’une famille recentrée autour du foyer conjugal, dans lequel la femme est invitée à se convertir aux opinions, intérêts et valeurs de son mari. C’est par ce lien politique entre les époux que sont préservées, dans la théorie républicaine, l’unité et la représentation de la nation. Les conséquences de cette évolution, moins spectaculaire que d’autres conquêtes révolutionnaires, furent immenses sur les droits des hommes et des femmes, puisque nos représentations actuelles de la citoyenneté en découlent. Anne Verjus retrace, dans la théorie et dans la pratique, l’histoire de cette émancipation décisive qui place l’union conjugale au fondement de la construction de la société politique moderne. Anne Verjus est chercheure en histoire politique au CNRS (laboratoire Triangle de l'Université de Lyon). Ses travaux portent sur le droit de vote des femmes et la pensée politique du genre. Elle a publié en 2002 Le Cens de la famille. Les femmes et le vote, 1789-1848 (Belin).