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Karol Szymanowski (1882-1937) ne jouit pas encore de la notoriété de certains de ses contemporains comme Bartók, Stravinsky ou Prokofiev, alors que, de son vivant, en particulier entre les deux guerres, il était une des grandes figures de l’Europe musicale, notamment en France (où son ballet Harnasie fut chorégraphié par Serge Lifar), et que plusieurs de ses partitions ont franchi l’Atlantique. Il incarna toujours une certaine forme de modernité, en s’engageant dans la mouvance de Richard Strauss, en assimilant la nouveauté incarnée, à des titres différents, par Debussy, Scriabine ou Stravinsky et en adoptant la posture d’un compositeur « national » qui apportait du sang frais à une musique polonaise paralysée par l’ombre de Chopin. Cette modernité, alliée à un romantisme invétéré, se heurta au conservatisme forcené d’une grande partie de la critique polonaise, notamment quand il dirigea le Conservatoire puis l’Académie de musique de Varsovie. Dans sa quête d’horizons musicaux inconnus, Szymanowski bénéficia de l’amitié de grands musiciens, ses frères en musique : ainsi eut-il ses pianistes, avec son cousin Harry Neuhaus et Arthur Rubinstein, son violoniste, avec Pawel Kochanski, son chef d’orchestre, avec Grzegorz Fitelberg, sans parler de sa soeur Stanislawa, qui fut « sa » voix. Sans eux, eût-il été Szymanowski ? Parler de lui, c’est également parler d’eux qui, d’une certaine façon, contribuèrent à faire de cet artiste, qui vécut la tourmente de son Europe, l’un des grands compositeurs du XXe siècle. Agrégé de lettres classiques et docteur en musicologie, Didier van Moere enseigne les rapports entre la littérature et la musique à l´Université Stendhal-Grenoble 3 et collabore régulièrement à L’Avant- Scène Opéra et au site Concertonet.com.