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Le mot « romantique », si couramment employé aujourd’hui, évoque dans son acception la plus répandue l’effusion et la fièvre lyrique, dont la musique serait l’expression privilégiée. Voilà qui surprendrait bien des musiciens du XIXe siècle. Comment le mot « romantique », qui possédait au XVIIIe siècle une connotation visuelle (renvoyant à la dimension pittoresque des jardins à l’anglaise) et un sens poétique (lié aux romans de chevalerie médiévale), a-t-il pu progressivement qualifier des objets musicaux ? Emmanuel Reibel considère ici le romantisme non plus comme une période, un style ou une mystérieuse essence déterminant les œuvres, mais comme un mot polémique et contradictoire, témoignant d’une nouvelle façon d’entendre la musique. De Rousseau à Berlioz en passant par le style « troubadour », la mode ossianique, l’engouement pour les musiques populaires comme le « ranz des vaches », le rossinisme ou l’école « fantastique », cet essai explore les mutations picturales, mémorielles, nationales et idéologiques impliquées par la « romantisation » de la musique. L’ampleur de la documentation – partitions, traités, correspondances de musiciens et textes littéraires – et une belle élégance d’expression soutiennent une démonstration rigoureuse d’esthétique historique. Ancien élève de l’École normale supérieure, maître de conférences habilité à diriger des recherches à Paris Ouest Nanterre, Emmanuel Reibel est l’auteur entre autres des Musiciens romantiques, fascinations parisiennes (2003) et de Faust. La musique au défi du mythe (2008).