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En 1989, la chute du communisme est saluée comme une victoire de la démocratie sur l’autoritarisme. Trente ans plus tard, c’est dans cette partie du continent qu’agissent les plus virulents mouvements du populisme européen. Comment comprendre un tel paradoxe ? Une manière d’y répondre est de replonger dans l’histoire. Cette perspective de longue durée est d’autant plus nécessaire que le populisme n’est pas un phénomène nouveau dans cette partie de l’Europe. Au xixe siècle, les narodniki russes promettent de sortir la paysannerie de son « arriération » et de la doter d’un droit de cité. Par la suite, les mouvements agraires semblent apporter des réponses au sous-développement et à la difficile construction, dans cet espace, de communautés politiques fortes, et les régimes communistes mobilisent certaines stratégies populistes. Aujourd’hui, les démocraties illibérales remettent en question le mode d’organisation de nos sociétés, issu des Lumières. En redonnant leur épaisseur historique aux dérives populistes à l’œuvre en Europe centrale et orientale en ce début de xxie siècle, Roman Krakovsky rappelle combien leur récente poussée peut servir d’avertissement pour le reste du continent. Roman Krakovsky est historien, maître de conférences à l’université de Genève. Spécialiste de l’Europe centrale et orientale, il a notamment publié Réinventer le monde. Le temps et l'espace en Tchécoslovaquie communiste (Publications de la Sorbonne, 2014) et L’Europe centrale et orientale de 1918 à la chute du mur de Berlin (Armand Colin, 2017).