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Depuis près de quarante ans, Jacques Julliard consigne dans ses carnets réflexions, notes de lecture, portraits et récits de rencontres. Un document intellectuel et politique de premier ordre. Depuis près de quarante ans, Jacques Julliard consigne dans ses carnets réflexions, notes de lecture, portraits et récits de rencontres. Les observations d'un homme qui s'engagea très tôt dans le sillage des valeurs d'un socialisme puisant dans les racines profondes du catholicisme social. Dans ce document intellectuel et politique de premier ordre, il évoque ses échanges avec, entre autres, les présidents Mitterrand, Chirac, Sarkozy, Hollande, sur un registre ni courtisan ni opposant, animé par une liberté d'esprit et d'expression qui lui vaut le respect de tous au-delà de ses options personnelles. Au tournant du siècle, Jacques Julliard voit ses inquiétudes se vérifier quant au devenir du socialisme : le PS perd de plus en plus son âme. Il détecte tous les signes de ce déclin et les analyse avec une lucidité clinique, à la mesure de la déception éprouvée. Il rappelle alors, en puissant écho à Péguy, la nécessité de faire entendre une voix dissidente quand il s'agit de rester fidèle à la vérité et à son idéal. La perte du paramètre religieux dans la société française l'amène à s'interroger, après Benjamin Constant et Tocqueville : une société sans religion, au sens traditionnel du terme, n'est-elle pas guettée par une religion temporelle imposée, c'est-à-dire par le totalitarisme ? Toutes les dérives de la société française, qu'il recense sans indulgence, menacent d'aller dans ce sens : l'éclipse des grands hommes, des écrivains indiscutables, des esprits supérieurs, même si on ne partage pas leurs vues ; l'éclatement d'un pays qui tend à devenir une mosaïque de communautés distinctes, sans que qu'une gauche qui se dit républicaine s'en insurge ; la dépendance des gouvernants envers l'opinion publique ; la destruction de l'École, instrument capital de l'intégration sociale et ethnique, par les " malfaiteurs de la pédagogie ". La crise des gilets jaunes, les soulèvements contre la réforme des retraites, la crise du coronavirus : autant de signes qu'une société n'ayant plus pour but que la conservation individuelle de chacun de ses membres se nie en tant que telle. Jacques Julliard appelle, en homme libre, à une forme de patriotisme de base, une union des citoyens autour des valeurs essentielles de la nation, expression de la volonté commune.