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En 1955, l'oeuvre de Jung, maintenant âgé de quatre-vingts ans, est en majeure partie achevée. Excepté son autobiographie - texte paru sous le titre allemand particulièrement significatif de Souvenirs, rêves et pensées -, il n'écrira plus de textes importants. Il vient de terminer le deuxième tome de Mysterium conjunctionis, son livre capital sur l'alchimie, mais l'événement déterminant de cette année est le décès de sa femme Emma, dont il dira dans Ma vie : "Tout ce qui s'éclaira en cette occasion à mes yeux m'avait prodigieusement arraché à moi-même." Désormais, il marchera les yeux ouverts vers sa propre mort, dans un dialogue sans concessions avec un inconscient qui ne connaît pourtant pas de limitation dans l'espace et dans le temps. À cette époque, sa santé se montre de plus en plus chancelante. Pourtant, il poursuit sa correspondance avec une disponibilité extrême, répondant quasiment à chacun, du plus illustre à l'inconnu. Dans un effort constant de s'expliquer sur l'originalité de sa psychologie, il n'a de cesse de replacer ses idées dans une perspective historique, seule capable d'en déterminer la genèse. Lire ce nouveau tome de la correspondance de Jung, ce n'est pas seulement pénétrer le monde de ses pensées, caractérisé par des efforts de clarté, une volonté de témoigner et une recherche de la vérité incessants ; c'est également recevoir une très profonde leçon d'humanité.