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L'Église a peinéà avoir des Pères, quand il lui a suffi d'une seconde d'Annonciation pour avoir une Mère : six siècles de paternité, et à peine commencée que déjà partagée entre Orient et Occident ! Le (saint) esprit de contradiction qui a régi l'économie de son engendrement et fait de la Vierge la fille de son fils, et de notre Mère l'Église la fille de ses Pères a inspiréà son tour les premiers efforts de christianisation de la pensée. Pour retracer les conditions paradoxales de cette genèse, cet essai propose quelques portraits des "Pères de leur Mère" en tâchant de montrer comment des obsessions individuelles ont pu être érigées en normes universelles : l'impatience (Tertullien), la dépression (Grégoire de Nazianze), la traduction ou la minceur (Jérôme), mais aussi l'économie (Cyrille d'Alexandrie), le salut (Grégoire de Nysse) et l'antisémitisme (Chrysostome), ou encore la castration (Origène), la fornication et l'adultère (Augustin). En relisant les écrits des Pères de l'Église, Pierre-Emmanuel Dauzat tente de retrouver les contradictions de la pensée chrétienne naissante. Dire de Dieu une chose et son contraire, c'est encore dire Dieu, et la mauvaise foi des Pères est encore la foi.