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La société française est-elle par nature « allergique » au fascisme ? Si l'idée peut sembler saugrenue, cette « thèse immunitaire » a pourtant été âprement soutenue par un groupe de spécialistes français d'histoire contemporaine. Formulée dès le début des années 1950, elle doit son succès initial à la possibilité qu'elle offre alors de tourner la page de Vichy et de « laver » les droites autoritaires de l'entre-deux-guerres de toute parenté avec le fascisme italien et le national-socialisme allemand. Devenue une sorte d'histoire officielle, elle est régulièrement recyclée, et c'est à elle que se raccrochent encore certains commentateurs pour rendre compte de la « nature » du Front national. Le propos de ce livre est de rompre avec la logique classificatoire et de repenser ces mouvements en fonction des conjonctures historiques, en prenant pleinement au sérieux ce qui s'est joué dans les luttes de « labellisation » ou de classement qui les ont opposés. Au-delà des débats méthodologiques, on découvrira que les « faits » déduits de ces classements - la « marginalité » politique et sociale de ces mouvements, le caractère « simulé » de leurs luttes, la débilité politique de leurs chefs, leur caractère inoffensif pour les institutions démocratiques, en somme leur « manque de sérieux » (seuls les fascismes « authentiques », ceux qui ont « réussi », l'italien et l'allemand, mériteraient ce qualificatif) - n'ont eu qu'une réalité historique des plus douteuses. En ce sens, ce livre remet entièrement en cause l'imagerie « apaisante » et en définitive apologétique que la thèse immunitaire propose de notre passé et sans doute aussi, un peu, de notre présent.