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Les animaux sont-ils de « simples vivants », comme le ressasse une tradition de pensée encore dominante ? L'opposition entre vie et existence les range, avec les plantes, dans un ensemble homogène - le grand tout de la Nature - pour mieux réserver à l'homme la tragédie de l'existence. N'y a-t-il donc que lui pour vivre sa vie ? pour naître et mourir, ressentir l'angoisse ou la joie ? Le dualisme entre vie animale et existence humaine ne résiste pourtant pas à un examen sérieux. Au terme d'un parcours critique à travers les philosophies qui ont pensé l'animal, Florence Burgat se demande à quelles conditions une vie peut être qualifiée d'existence. Chaque fois, nous dit-elle, qu'un être vivant est non seulement un centre à partir duquel s'organisent ses relations à l'entourage, mais aussi le sujet de ses propres expériences. Tracée à partir des perspectives ouvertes par la phénoménologie, la notion d'existence animale ne saurait être sans conséquences sur le débat éthique. Affirmer que les animaux existent en première personne constitue une réponse forte à un utilitarisme qui se borne à condamner la souffrance, sans souci du caractère unique et irremplaçable de chaque existence. L'interrogation philosophique sur ces autres existences doit être telle que « celui qui questionne est lui-même mis en cause par la question » (Merleau-Ponty). Florence Burgat est philosophe, directrice de recherche à l'INRA. Elle a publié plusieurs ouvrages fondamentaux sur la question animale dont Animal mon prochain (Odile Jacob, 1997), et Liberté et inquiétude de la vie animale (Kimé, 2006).