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L'Angleterre a longtemps nourri bien des mythes : pays d'élection de la Révolution industrielle, terre de la libre entreprise, elle était le creuset de la modernité, la clef d'un discours historique tendu vers la marche du progrès, du machinisme, de la liberté économique et le modèle cité en référence. Pour mettre ce discours à l'épreuve des faits, Liliane Hilaire-Pérez analyse les monopoles d'invention, les récompenses et les encouragements accordés aux inventeurs en France et en Angleterre au XVIIIe siècle. Elle s'intéresse à la figure de l'inventeur au siècle des Lumières et propose une relecture de la rencontre des sciences et des techniques, dans le monde des savoirs traditionnels comme dans celui de l'économie. Comment, dans l'univers de la stabilité, de la défense des normes acquises, l'invention technique est-elle fondamentalement possible ? Comment les artisans concilient-ils leur appartenance à un corps de métier et leur soif de distinction ? Pourquoi se construit, en France, un discours revendicatif fondé sur le droit naturel, alors qu'il ne se manifeste pas en Angleterre ? L'histoire des techniques ne peut se limiter à une succession glorieuse d'inventions et de pionniers ; ce sont aussi les essais répétés, les perfectionnements, les erreurs et les oublis qui donnent leur sens aux inventions. En analysant les stratégies des entrepreneurs et les politiques de l'invention, Liliane Hilaire-Pérez décrit les cheminements à partir desquels s'élabore l'invention alors que s'affirme la sacralisation des inventeurs.