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Pendant sept ans, mon père dans sa cellule ne fit que manger, excréter, chercher le sommeil et mon pardon. Jamais il ne sut que je ne lui avais gardé aucune rancune. Il ne devinait pas que, du jour de sa condamnation, je n'avais jamais mieux espéré que lui porter secours. Je crois bien que ses pensées, même dans leur profonde doublure de repentir, échouaient à trouver la paix. Le soir, il attendait que ses codétenus s'endorment, que leurs pleurs et leurs cris d'effroi s'arrêtent dans le bâtiment, pour parler aux abîmes de sa conscience. Et pour espérer les entendre répondre qu'il était plus un enfant qu'un démon. Je ne savais pas pour qui de nous deux cette journée allait être le plus cruciale, pour mon père qui sortait de sept années d'enfermement à se maudire, ou pour moi qui aurais pu prendre alors son visage entre mes mains et l'assurer que tout était effacé de notre malheur. Un manteau trop étroit aux épaules, l'estomac serré, je le guettais face à la prison vers dix heures du matin. J'étais là aussi candide que dans la petite enfance, quand on croit que toute une vie de surprises peut s'étendre jusqu'au soir.