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Certains se croient prédestinés. Ces éternels premiers de la classe ne connaissent pas le doute, ils ont été élevés pour croire en eux-mêmes. D’autres veulent une revanche sociale. Rien de tout cela dans la conquête et l’exercice sarkozyste du pouvoir. L’énergie obstinée, l’incapacité à déléguer de celui qui a conquis la fonction suprême sont le fruit d’une fuite. Si Nicolas Sarkozy veut aller toujours plus haut, c’est parce qu’il a peur. Peur de ne plus être aimé. Peur d’être abandonné. Peur de ne pas être respecté. Nicolas Sarkozy veut le pouvoir pour se rassurer. S’il est incapable de partager sa puissance, ce n’est pas par autoritarisme, mais par crainte d’être trahi. Cette quête relève d’un Graal d’enfant, l’incompréhension face à l’abandon du père, la peur de ne pas être le préféré de la mère. Pour capter et conserver cette attention maternelle, il imagine pouvoir, par sa fonction, reconquérir l’honneur de sa mère, divorcée et méprisée. Être président de la République, c’est être le plus fort. C’est ne plus être moqué. Aux regards condescendants de l’enfance doivent se substituer des regards de crainte. Cette quête ne connaît pas d’idéologie, elle n’a qu’un but : gagner. Le reste n’est qu’affaire de séduction. Séduire pour conquérir. Séduire pour durer. Quitte à cacher sa vraie nature. On le croit sûr de lui, c’est un inquiet. Il paraît improviser, en fait cet hypermnésique a travaillé toutes les hypothèses. Il prône la rupture, mais en réalité, il déteste le changement. Il multiplie les réformes, pour n’offrir que des cibles mouvantes à ses adversaires. On le croit moderne, il est nostalgique. On le croit modeste, c’est un caméléon. Familier avec l’ouvrier, bling bling avec les riches, autoritaire avec les patrons. Pour lui, le pouvoir est l’aboutissement d’un combat, pas une plénitude. Surtout quand il se révèle moins apaisant qu’il l’imaginait. La peur de décevoir un pays sera-t-elle plus forte que celle qui le fait courir depuis toujours ?