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En avril 1997, Françoise Verny lit un bref récit de Patrick Modiano, Dora Bruder. Dora, adolescente du XVIIème arrondissement, échappe à ses parents pour retrouver son amoureux dans Paris occupé. Arrêtée par la police parce qu'elle est juive, elle est déportée. Françoise est bouleversée par cette lecture. Le souvenir de sa grande amie de collège lui revient brutalement : Nicole Alexandre. Amie comme on l'est à quinze ans, passionnée, jalouse, confidente, blagueuse, grande lectrice comme Françoise, qu'elle appelle dans ses lettre « cher vieux » ou « vieille carotte rotie au soleil ». Un jour de 1943, parce qu'elle est juive elle aussi, Nicole est arrêtée, et internée avec sa mère. Au camp de Drancy, elle s'ennuie, lit, écrit à son amie une carte émouvante, presque joyeuse. Nicole ignore qu'elle fera partie du convoi du 20 novembre 1943. Elle sera gazée avec sa mère dès son arrivée à Auschwitz. Pour la jeune Françoise, Nicole est à Drancy. Ailleurs. La vie continue. Une nouvelle rentrée scolaire. De nouvelles amies. Le temps passe. C'est la Libération. Françoise oublie Nicole. Rencontre Charles Verny. Se lance dans d'autres combats, la philosophie, la presse, bientôt l'édition. Françoise est de tous les engagements. Elle est une des premières à voir Shoah, seule dans une salle aux côtés de Lanzmann. Mais elle a oublié Nicole. Quand en 1997, ce visage lui revient, flou, enfantin, Françoise décide d'écrire ce tombeau, cette méditation émouvante et simple, qui fait revivre Nicole et son histoire, qui est aussi la nôtre. En avril 1997, Patrick Modiano répond à Françoise Verny : « Je crois que j'ai trouvé la trace de votre amie Nicole Alexandre. Elle avait deux ans de moins que Dora Bruder, elle était née en 1928, et elle habitait dans le XVIIème arrondissement, au 2 square Tocqueville. Est-ce la même ? »