Prix public : 17,90 €
Jacques Rollet, ancien prêtre, enseigne la science politique à l'université de Rouen. Docteur d'Etat en science politique, docteur en théologie, il est également chargé de cours à la Faculté des sciences sociales et économiques de l'Institut catholique à Paris. Il a publié, entre autres ouvrages : Le cardinal Ratzinger et la théologie contemporaine (Cerf), en 1987. Il collabore à la revue Esprit. L'ambition de Jacques Rollet, dans cet ouvrage, est d'explorer le rapport entre religion et politique, à partir d'une confrontation entre le christianisme et l'islam d'un côté, la modernité de l'autre. Pour ce faire, l'auteur entend tenir compte des problématiques de Pierre Manent et Marcel Gauchet, sur le « désenchantement » du monde démocratique. Mais ne renonçant pas à la modernité du message évangélique, il estime que les thèses de ces auteurs, ainsi quelles, issues des travaux conciliaires, sont toutes deux insuffisantes : la première minimisant la modernité du christianisme, la seconde voulant le contenir dans la sphère privée. Trois parties lui permettent alors de développer des thèses fortes : la première est consacrée au temps des fondations (Ancien Testament, Nouveau Testament, Coran, traditions médiévales chrétienne et musulmane). La seconde porte sur la modernité étudiée à travers l'avènement de l'individu (de Machiavel à Locke) et la Déclaration des Droits de l'Homme. La troisième partie présente la théologie politique du christianisme au XX ème siècle, l'islam contemporain sunnite et schiite en politique, et se conclut par un chapitre sur l'apparent conflit entre christianisme et modernité : car le christianisme délesté de l'argument d'autorité semble bien être une condition intrinsèque de l'humanisme démocratique, qui doit prendre au sérieux, aussi bien la gratuité fondatrice de l'autonomie de l'homme, que la question du mal politique, si présent au XX ème (étude de René Girard et Carl Schmitt). En accord avec les analyses de Luc Ferry sur le rapport entre éthique et théologie, l'auteur pense donc que les Droits de l'Homme doivent beaucoup à la tradition judéo-chrétienne : la liberté pour être volonté bonne, nécessite une inspiration qui la dépasse, hors de toute imposition autoritaire. C'est sur ce point que l'islam lui apparaît aujourd'hui comme incompatible avec la modernité démocratique. Gageons que cette dernière thèse, exposée avec nuance et rigueur scientifique, ne manquera pas de susciter de nombreuses polémiques.