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Lorsque Zweig rédige ces lettres entre 1920 et 1931, sur le plan littéraire, c'est la consécration. Sur le plan personnel, c'est l'époque de la maturité. On y trouve exprimées les satisfactions de l'homme à qui tout réussit, et la lassitude et la souffrance de celui à qui la vie semble échapper, qui accepte douloureusement ce qu'il considère comme un passage non maîtrisé d'une jeunesse non vécue à une vieillesse subie. Parmi les interlocuteurs de Zweig dans ces années-là, on trouve les plus grands esprits de l'époque - Romain Rolland, à qui le lie une amitié fidèle, Maxim Gorki, Sigmund Freud - mais aussi des hommes moins connus qui dessinent à eux tous le portrait d'une époque : éditeurs, peintres, musiciens, jeunes gens voulant entrer en littérature, hommes de lettres européens L'ouvrage nous permet de suivre l'évolution de la pensée politique d'un homme impliqué dans son temps, d'une clairvoyance et d'une hauteur de vue rares : à ses nombreux correspondants, Zweig parle de construction européenne, des risques et des conflits liés à l'engagement des intellectuels, de son rapport au judaïsme, de sa position complexe sur les Etats-Unis et la Russie soviétique - qui le fascine et le choque à la fois -, de sa peur de l'antisémitisme, de pacifisme, mais aussi de problèmes monétaires ou économiques. On voit ici un homme de convictions aux prises avec un monde où la haine de l'autre et l'instabilité se font toujours menaçantes. Le discours, très élaboré, souvent passionné, parfois violent, est fait d'interrogations et de réévaluations perpétuelles. Dans ces lettres, Stefan Zweig s'affirme comme un esprit indépendant, très éloigné de cette image de " pape " de la littérature autrichienne qu'on a souvent voulu lui attribuer.