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« La question allemande est une question européenne » François Mitterrand, le 18 Novembre 1989 Pour connaître de l'intérieur ce que fut l'attitude de la France à l'égard du processus de réunification de l'Allemagne, ( doute et volonté de soutien, stratégie et sincérité, réalisme et vision du futur), Tilo Schabert a mené sa recherche dans les bureaux de la présidence de la république entre octobre 1992 et mai 1995, il a puisé dans les documents mis à sa disposition et a eu de longs entretiens avec les protagonistes des bouleversements survenus en Europe en 1989 et 199O : Hubert Védrine, Jean-Louis Blanco, Elisabeth Guigou, Caroline de Marjorie et aussi les conseillers d'Helmut Kohl. C'est pourquoi ce livre d'analyste géopolitique et d'historien prend au fil de la lecture des allures de reportage sur le vif qui s'articule d'une façon très rigoureuse. D'abord un portrait de François Mitterrand qui montre qu'il avait une véritable vision de l'évolution de l'Europe, une conception de l'autonomie de l'Allemagne ainsi qu'une connaissance extraordinaire des problèmes de politique intérieure. Une Allemagne vulnérable signifiait une Europe faible. Quels étaient les problèmes ? D'une part le danger que présentaient les pacifistes et les extrémistes (le mouvement vert plutôt sensible au « charme » de Gorbatchev et l'extrémisme de droite qui gagnait du terrain sur le plan électoral). D'autre part des problèmes, liés à une « mondialisation » qui à l'époque ne disait pas encore son nom, qui se posaient en Allemagne comme en France : faiblesse de la monnaie et de l'économie Restait la question de la dissuasion nucléaire française et son extension à la protection de l'Allemagne ce qui complétait la réflexion stratégique de François Mitterrand à propos de l'équilibre des forces, principe central de sa politique militaire à l'époque et du rôle strictement stratégique qu'il attribue à la dissuasion nucléaire. 1989 Un bilan : les intentions et les résultats l'unité de l'Allemagne exprime à la fois « la volonté du peuple allemand » et renforce la communauté européenne c'est à dire l'équilibre du continent et la préservation de la situation de paix. La dernière partie du livre examine, avec forces documents, le déroulement des mois de l'unification : la préparation, les conversations avec les Soviétiques, les craintes des Français, notamment à propos de la fameuse « Ligne Oder-Neisse », les résistances françaises aux intentions allemandes, et l'extrême attention portée au vocabulaire des dirigeants de la RFA, au choix des termes, notamment celui de « réunification ». Le regard porté par François Mitterrand sur l'évolution de la fin 1989 est fascinant - et fasciné : observant le tremblement de terre qui secoue l'ancien « Bloc de l'Est », l'homme se retrouve face à l'histoire, la comprend, l'interprète. Mais, dit-il au président sud-coréen, le 30 novembre, il reste un problème brûlant : « L'Allemagne ». Non qu'il refuse l'unification qui, déjà, s'annonce. Mais il la veut dans une « Europe forte » . L'auteur montre aussi fort bien l'importance qu'eut la question des frontières de l'Allemagne unifiée, aussi bien pour les Français que pour les Soviétiques, qui craignaient une interprétation « extensive » du terme de « nationalité allemande » utilisé dans la Loi fondamentale allemande. Le traité « Quatre plus deux » fut finalement conclu et les rapports des conseillers s'achèvent comme le livre sur les interrogations qu'inspiraient les doutes sur la « Nouvelle Allemagne ».