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« Nous, les méduses, on n'existe pas vraiment. Que l'on vive, que l'on meure, que l'on disparaisse, cela ne laisse aucune trace. C'est la règle du jeu. Nous ne savons pas les noms de ceux qui nous donnent des ordres, ni a fortiori l'identité de ceux qui les emploient. Payés en liquide, nous sommes des fugitifs, insensibles, visqueux, sans visage. Nous gérons la vie des profondeurs. Assez semblables en cela aux agents de nettoiement qui font disparaître dans la nuit ce qui doit être éliminé. Nous sommes au début de la vie comme l'ont été les premières molécules. Ou bien tout à la fin, lorsque la vie elle-même se rétracte dans les yeux d'un homme qui va mourir, lorsqu'elle se limite aux déchets, aux aspirations détruites. Pas d'identité non plus. La vie quotidienne, en dehors des missions, est d'une grande douceur. On se sert sur la bête. Comme les enveloppes sont toujours un peu lourdes, on prend un pourcentage pour les vieux jours, on met de côté comme on l'entend. Il n'y a pas d'impôts. Nous ne sommes pas plus voleurs que d'autres. Drôle de métier quand même, métier d'un monde inversé, passé sous silence, inconnu des journaux et des juges, des parlements et des ambassades, métier de mort au service de causes indéchiffrables, présentées comme des raisons d'Etat. » On l'aura compris : la Méduse est un agent dormant au service de l'Etat avec autorisation de tuer. De l'ex-Yougoslavie à Israël, d'une clinique feutrée aux charniers serbes, François Léotard est ici du côté de John Le Carré.