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« Trente-sixième étage ; nous voilà à parler anglais, et à mes pieds s'étend, dans le déploiement de ses lumières, une sorte de New York démesuré. Des dirigeables publicitaires flottent entre les hauts buildings. C'est donc ça, Shanghai ? » Il y a une mode Shanghai, une folie, un enthousiasme occidental où s'engouffrent nombre d'artistes, de touristes, d'hommes d'affaires, d'architectes. Lors d'un précédent livre de photographies, avec Bettina Rheims, Serge Bramly a passé plusieurs mois, entre travail et vagabondage, à Shanghai. Il y a tenu une sorte de journal de bord, à mi-chemin de l'essai modeste parce que finalement impossible sur la Chine et de la recension de surprises permanentes, de rencontres insolites, de moralités de la vie quotidienne, sur le modèle d'Un barbare en Asie, de Michaux. On y apprend à la fois le romanesque destin du jésuite Mattéo Ricci (1552-1610), sans qui nous ne saurions rien de la Chine, et la meilleure façon de nouer des contacts dans un Shanghaï ultra-contemporain et archaïque à la fois. On y voit l'influence du boudhisme et la nécéssité du commerce. En piéton rêveur, Serge Bramly s'imprègne de la ville, comme une éponge. Observateur subtil, à l'égo volontairement gommé, Serge Bramly nous perd et nous guide dans un labyrinthe de signes, de coutumes, de gestes en apparence exotiques, qu'il faut en permanence décrypter. La ville tentaculaire se transforme sous nos yeux : « à chaque instant quelque chose disparaît ».