Prix public : 12,90 €
Le 20 octobre 2000, âgée de 43 ans, Blandine Solange se pend dans son appartement de Francfort. Avant ce jour, il y eut d'autres tentatives de suicide, la maniaco-dépression et la mélancolie, la chimie, une analyse puis une psychothérapie, les internements. Il y eut l'art : les Beaux-Arts de Marseille d'abord, où elle rencontre Ben « le Niçois médiatique » , puis les performances scandaleuses et solitaires dans les rues de Marseille, enfin les nus, des hommes qu'elle entraîne chez elle, paie et peint en érection, cherchant à représenter dans ces objets multiples du désir l'éclatement de son propre désir, qu'elle assouvit alors. Défis, actes subversifs, excitation fébrile et fantasmes : Blandine Solange ne peut comprendre la place à laquelle, en tant que femme, on lui dit être assignée - un objet du désir, précisément, qui ne saurait parvenir au plaisir que par le consentement amoureux. Le sexe donc, et l'amour aussi - mais les deux semblent incompatibles - avec l'homme qu'en 1990 elle suit en Allemagne. Bien avant encore, il y eut l'enfance dans un village vosgien, au sein d'une famille ouvrière, l'absence du père, le catéchisme, puis les menaces pour pouvoir poursuivre des études et échapper à l'usine - mais elle n'échappa jamais aux difficultés matérielles, se condamnant à des emplois de vendeuses ou de caissières aux salaires misérables. C'est tout cela que Blandine Solange raconte dans cette « Lettre à mon psychanalyste », entre sentiment de défaite et de puissance, en but aux contradictions tant sociales que psychiques, luttant tragiquement pour s'en affranchir. A cette lettre tente de répondre dans une postface son destinataire, le psychanalyste Georges Verdiani, et en particulier à la question lancinante de l'auteur : « Si ce n'est pas de la folie, alors de quoi s'agit-il ? »