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Depuis les deux campagnes référendaires de 1992 et de 2005, la construction européenne fait débat dans la pensée politique française. Mais ces polémiques sont au moins autant des discussions sur la nature d’une forme politique que sur l’objet européen en tant que tel. Plus précisément, c’est la question du lieu – au sens d’un territoire délimité par des frontières définies – qui est désormais au cœur de l’interrogation française sur la légitimité de l’intégration européenne. Avec ce paradoxe qui voit les uns fustiger une « Europe sans corps », qui serait incapable de circonscrire son ambition à un territoire défini, et les autres dénoncer une « Europe forteresse », qui consoliderait le principe de clôture instauré par l’Etat-nation. A l’arrière plan de cette question des frontières, on voit se dessiner une controverse plus fondamentale encore sur la signification à donner aux droits au sein d’un ensemble démocratique – que l’Europe soit perçue comme le symptôme d’une « religion du droit » qui minerait aujourd’hui la démocratie ou, au contraire, dénoncée pour son incapacité à rendre effectifs des droits de l’homme dont, pourtant, elle ne cesse de se réclamer.