Prix public : 16,90 €
Ce livre met en scène des fragments de l’histoire biblique, de la littérature classique, ou de l’aventure scientifique, qui ont en commun d’échapper à l’activité rationnelle. Il n’a pas pour objet, comme le proposaient les Jansénistes, d’humilier la raison, à un moment où une défense et illustration de celle-ci serait amplement justifiée, mais de suggérer qu’à tout vouloir rationaliser, on court le risque de perdre le sens de l’énigme, un des plaisirs inépuisables de l’esprit, d’assécher la source des plus hautes activités humaines, parmi lesquelles se trouve l’art, et même de compromettre l’exercice de la raison en ignorant les aspects les plus obscurs du psychisme. Certains fragments s’attacheront ainsi à des contes qui pourraient commencer par il était une fois, formule familière à l’enfance, d’autres retiendront d’étranges visions nocturnes, d’autres encore s’interrogeront sur l’inatteignable ontologique, ou sur des vérités plus hautes que celles qu’autorise la raison. Ces choix sont tous ouverts dans les textes qui suivent : les mythes, les monstres et la transcendance y circulent librement. Je me permets de citer un passage de L’Ensauvagement : « Carl Jung s’était inquiété d’une évolution qui condamnait les individus au déséquilibre en frustrant ce qu’il appelait « le côté mythique de l’homme » et en interdisant l’expression de ce que l’esprit ne peut saisir rationnellement ». Au moment où la religion fait un retour fracassant sous des formes violentes et destructrices, ce serait un immense progrès de s’interroger sur le vide spirituel qui mine nos sociétés, et sur les déséquilibres psychiques qui accompagnent ce phénomène. C’est à cette interrogation que je me livre ici. Thérèse Delpech, ancienne élève de l’Ecole normale supérieure, professeur agrégé de philosophie, est chercheur associé au Centre d’Etudes et de Recherches Internationales (CERI, FNSP) et membre du Conseil de l’Institut International des Etudes Stratégiques (IISS). Elle a publié, entre autres, L’ensauvagement (Grasset, 2005, Prix Femina de l’essai) et Le grand perturbateur (Grasset, 2007).