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Elle sait à peine prononcer son nom, Adikou, que la narratrice décrit tour à tour comme un lézard et comme un vautour, un double et une étrangère. Sa lignée est floue, son histoire familiale trouble. Pourtant le monde entier voudrait qu’elle donne son origine, coche noire, ou blanche, ou bien fifty-fifty. Qu’elle accepte de se ranger. Alors, un lourd jour d’été, Adikou n’y tient plus. Elle s’échappe, prend la route du Togo, pays du père dont elle sait si peu de choses, et la narratrice n’a d’autre choix que de la suivre. C’est un départ qui fait écho à d’autres : une dégringolade du Nord vers le Sud des Etats-Unis lors d’un séjour d’étude, une tentative de retour à la source avec une ONG humanitaire. Mais cette fois-ci, elle est décidée à y séjourner aussi longtemps qu’il faudra pour trouver quelque chose d’elle-même. Un nom, une famille, une trace, une présence. Ou peut-être simplement un air plus respirable. Lomé ne sera qu’un début, un avant-goût moite et poussiéreux d’avancées vers des zones toujours plus mouvantes. Territoires intérieurs, qui la renvoient vers son insoluble lien au métissage. Territoires familiaux et géographiques, en quête des origines d’un père qui a depuis longtemps fui son pays. Territoires historiques marqués par l’esclavage puis la colonisation. Dans ce road trip initiatique, l’identité est une affaire d’interstices, de miroirs brisés et de parentés inventées — et la littérature son territoire d’affirmation. Un premier roman dans lequel l’appartenance s’exprime dans sa complexité et à travers une langue puissante, charnelle, à la fois âpre et douce, intérieure et comme à distance d’un « soi » introuvable. Une voix qui va compter.