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« Tu verras avec une fille, c’est plus facile. » C’est avec ces mots qu’on a voulu me rassurer, il y a 18 ans, quand j’ai annoncé le sexe de mon bébé à venir. Ça ne m’a ni surprise ni dérangée. Je me sentais davantage capable avec un enfant de mon espèce et n’en ai pas saisi les conséquences. Une fille, c’est « plus facile », mais facile à quoi, pour qui, et pourquoi ? Je pensais, les toutes premières années, qu’il n’y avait rien de plus dur qu’être privée de sommeil et de temps pour moi. C’est faux. Tenir éloignée une Gosse qui devient une femme de tous les désastres liés à son genre est bien plus éprouvant. Même – surtout ? - si l’on se targue d’être féministe et d’avoir pour la nouvelle génération de grands desseins réparateurs. La Gosse, ma fille, a grandi et creusé l’écart qui nous sépare. Elle s’élance, je me tasse. Elle veut arpenter la ville et le monde, je ne cours même plus pour attraper le bus. Elle pleure devant Sex Education, sur Netflix, moi pendant les pubs pour les conventions obsèques. La Gosse est de moins en moins gosse. Ni facile, ni difficile (même si elle est objectivement un peu chiante, parfois). Au moins, j’ai retrouvé le sommeil, sauf quand elle sort le soir. N.D. Comment être nostalgique de l’enfance de son enfant sans la figer ? Comment la prémunir de la violence des hommes sans la cloitrer ? Comment lui conter ses romances calamiteuses sans la décourager d’oser l’amour ? Comment la regarder se faire belle quand on vient tout juste de faire le choix de renoncer, avec soulagement et les cheveux sales, à se rendre désirable ? Nadia Daam passe au crible épreuves, questions, doutes et moments tendres. La chronique espiègle d’une famille d’aujourd’hui, ou l’odyssée drôle et douce d’une mère tentant de comprendre cette étrange personne : sa fille adolescente.