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« Chacun sa France : les bobos, les enfants d’immigrés qui préfèrent le drapeau algérien, les patriotards qui font grincer les violons de l’identité et du roman national, les sycophantes qui crient au loup du racisme, les perdants, les banlieusards, les exilés fiscaux, les zemmouriens, les soixante-huitards, les syndicats sans troupes et les patrons mendiants, les profiteurs et les contempteurs des trente-cinq heures, les anti-média qui rêvent de passer dans la lucarne... Tous vivent dans une sorte de pays communiste qui marche ; et tous sont, malgré leur obsession de la dérision et leur méfiance du voisin, unis par quelque chose de désuet et vaguement ridicule : la France, cette bizarrerie qu’ils détestent aimer ou aiment détester. Comme les Anglais ! Ils sont fiers de Versailles depuis leur pavillon. Ils ont cru à la grandeur et vu beaucoup de petitesses, des jalousies, des blessures (1940, 1962), des supermarchés plutôt que cathédrales, de l’économie plutôt que des romans, des voies sur berge plutôt que des start-ups, des batailles de chiffres plutôt que des duels à l’épée... Ils se sentent coupables, médiocres, déclinants, absents, muséifiés, populistes, vaguement racistes, attendant de solder les derniers bijoux - une langue, une culture ; attendant aigrement l’Europe, la « mondialisation », les régions renaissantes... Quel « pays imaginaire » leur offrir, qui soit leur pays véritable ? Un pays qui retrouve ses paysages, sa beauté : ça coûte, mais peu. Qui retrouve son école : ça coûte, mais ça rapporte. Un pays qui redevient un laboratoire artistique et culturel, qui soit ce qu’il a souvent été, le phare intellectuel du monde. Un pays curieux au double sens, et tout à fait joyeux d’être communiste et libéral. Un pays où l’esprit surréaliste de Mai 68 puisse cohabiter avec Valmy, la Nuit du 4 Août, Versailles, la laïcité et les Médailles Fields qu’il collectionne… » Bernard Maris