Prix public : 65,00 €
Cette thèse contribue à une sociologie historique du surgissement révolutionnaire en Égypte. Le surgissement révolutionnaire renvoie à une séquence d’interactions dont l’issue, contingente, peut donner lieu à un basculement général de l’ordre politique et amorcer ce faisant un processus de changement de régime. Afin de rendre compte des mécanismes concrets dont sont faites ces séquences, cette recherche se fonde sur l’étude des engagements de révolutionnaires et de novices dans la deuxième ville d’Égypte, Alexandrie, lors de la « révolution du 25 janvier 2011 ». Elle examine dans le détail les dilemmes pratiques et les microdécisions qui, pouvant paraître au départ comme marginaux, finissent par avoir des conséquences disproportionnées, mettant fin à un régime autoritaire vieux de plusieurs décennies. Faisant usage d’une multitude de sources et de données (entretiens, observations, traces numériques, revues de presse, corpus de photographies et de vidéos), cette thèse permet ainsi de renouveler notre compréhension des phénomènes révolutionnaires et de la manière dont ils émergent. Mais aussi, en contraste, à la manière dont peuvent s’opérer des sorties de crise et des processus de stabilisation politique. Plus précisément, on y voit comment, à rebours des analyses globalisantes et réifiantes des processus révolutionnaires, on ne peut comprendre la dynamique d’émergence d’une crise sans en revenir aux paramètres situationnels et, surtout, aux dynamiques locales de chaque cas. Par ailleurs, en focalisant l’attention sur la ville d’Alexandrie, cette thèse contribue à ouvrir un chantier de recherche sur cette grande métropole méditerranéenne qui reste sous-étudiée.