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La composition du livre V suit une singulière navigation qui part de Sicile pour aborder les îles de la Méditerranée occidentale, en commençant par les îles voisines que sont les îles Éoliennes, Ustica, l'archipel maltais et l'archipel des îles Kerkinnah, dans les actuelles eaux tunisiennes, pour revenir dans la mer Tyrrhénienne et aborder les îles du nord au sud (...). C'est en fait un itinéraire romain que décrit Diodore de Sicile: en 217, le consul Cn. Servilius Geminus contourna la Sardaigne et la Corse avant d'aller ravager les îles Kerkinnah (Tite-Live, XXII 31), et, en hiver 202/1, ce fut la route que parcourait en sens inverse le consul Ti. Claudius Nero quand il fut pris dans les tempêtes entre Cosa et Loretum, alors qu'il était chargé de conduire une flotte de Rome en Sicile et de passer ensuite en Afrique (Tite-Live, XXX 39). L'auteur traite ensuite des îles Baléares au sens moderne, puisque les Anciens distinguaient deux ensembles d'îles, Ibiza associée à Formentera et les Baléares proprement dites. L'itinéraire de Diodore de Sicile l'emmène plus à l'ouest, au-delà du détroit de Gibraltar, les « colonnes d'Héraclès » de la tradition, pour visiter les îles de l'Océan occidental, en se dirigeant d'abord vers le sud (...), puis en remontant vers le nord, pour décrire la Bretagne qui est alors, non pas une nouveauté scientifique, (...) mais l'île dont on parle à Rome, depuis les deux expéditions de César en 55 et 54. Plus au nord, c'est l'île de Basileia, l'île de l'ambre que l'auteur présente encore comme une île du bout du monde qui occupe sans doute la place de Thulé, qu'il jugeait peut-être trop mythique pour avoir sa place dans son ouvrage. Le livre connaît ensuite une longue digression consacrée aux terres continentales situées en face des îles de l'Océan occidental, des terres que l'auteur n'avait pas encore traitées: ce sont là des chapitres, ethnographiques pour l'essentiel, qui doivent beaucoup à l'actualité des guerres de César entre 58 et 52. De Bretagne Diodore de Sicile passe en Gaule, suit le rivage de la Méditerranée jusqu'en Ibérie avant de revenir en Ligurie et en Étrurie. Par un saut brutal que rend plus évident encore la longue digression continentale, l'auteur aborde de nouvelles îles océaniques situées cette fois au sud-est de l'Océan, avant de réintégrer tout aussi abruptement le monde méditerranéen, et même, plus précisément, le monde égéen. Ce sont désormais des parcours complexes à travers les îles de l'Égée, de Samothrace à la Crète, où Diodore de Sicile reprend des routes maritimes tracées principalement à la fin du IIe millénaire et au début du Ier millénaire, peu avant le moment précis où commence la partie historique de sa Bibliothèque. (Extrait de l'introduction)