Prix public : 22,40 €
Les idéologies dominantes dans le domaine des études sur la Grèce ancienne ont instauré deux miracles auxquels je ne crois pas: le miracle indo-européen du second millénaire – simple remontée du « miracle grec » de jadis – qui, en s'appuyant sur quelques vérités linguistiques et un schéma fonctionnel élémentaire, nie la chaîne culturelle de deux millénaires de civilisation et de littérature méditerranéennes et proche-orientales, et le miracle de la Cité grecque surgie entre le XIe et VIIIe siècle: loin de moi de refuser la réalité et l'importance des cités! Cependant, après tout, le monde néolithique a vu naître d'autres cités que des grecques, mais surtout, depuis Platon, l'Idée de la Cité l'emporte sur la cité, et ce phantasme nourrit aujourd'hui, après maints avatars, la pensée post-hégélienne. Hors la cité, point de salut? Tout au rebours, il m'apparaît que chez les Grecs, comme pour nous, c'est au fond de l'homme d'abord, dans ce qu'un dieu y a mis au commencement – les mythes en même temps que l'être, héritage génétique en même temps que culturel – qu'il y a eu et qu'il est quelque chance de salut, et quelque sens...Les Muses à Hésiode ont appris les vérités. Sur l'Hélicon. Bernard Deforge est professeur de langue et de littérature grecques à l'université de Caen où il dirige le Centre de Recherches sur l'Antiquité et les Mythes (CERLAM). Il a publié aux Belles Lettres, dans la même collection, Eschyle poète cosmique et Le festival des cadavres. Morts et mises à mort dans la tragédie grecque.