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La coexistence de deux systèmes bien différents d'expression du vrai dans la période la plus ancienne de l'histoire de la langue grecque appelait un examen méthodique. Comment s'explique-t-elle? Que révèle-t-elle? Pourquoi l'un de ces deux systèmes subit-il un affaiblissement constant, qui aboutira à sa disparition complète dans la prose du IVe siècle? Comment faut-il expliquer qu'ils entrent l'un et l'autre en opposition avec les mêmes termes représentant le faux? Une analyse rigoureuse et complète des faits enregistrés et des questions posées permet d'établir que les deux séries de concepts présents derrière les mots correspondent d'une part à des structures de cognition et à des pratiques de communication que l'on peut considérer comme archaïques et, d'autre part, au développement progressif d'une forme récente de vérité, reposant sur des mécanismes différents d'acquisition et de transmission, qui méritent d'être qualifiés de modernes. Parallèlement au développement de cette vérité, une transformation de la nature conceptuelle du faux se laisse percevoir clairement, si bien que l'extension ultime de son évolution, à la fin de la période considérée, derrière le verbe signifiant mentir, dire le faux, permet de bien comprendre ce qui s'est progressivement produit et de démontrer la pertinence de l'ensemble des reconstructions proposées. Par l'étude sémantique sont saisis, pour ainsi dire de l'intérieur, dans toute la mesure du possible, les mécanismes subtils et profonds de l'action de l'esprit qui ont, au fil du temps, généré une vision des choses et une appréhension nouvelles du réel, au terme d'une démarche reposant sur une modification des rapports entre le sujet en quête de connaissance et l'objet de son investigation. La description de l'histoire d'????e?a se confond, dans ces conditions, avec celle de la pensée commune des Grecs et des progrès de l'esprit humain dont l'évolution ainsi captée porte témoignage. Au-delà des lexèmes et de leurs occurrences, les explications proposées conduisent ainsi le lecteur, par une plongée dans l'humain, à la perception dans la diachronie de quelques secrets fondamentaux de l'âme grecque et, à travers elle, pour reprendre une expression de Bruno Snell, à une sorte de « découverte de l'esprit » occidental. Jean-Pierre Levet, né en 1945, est actuellement professeur de langue et littérature grecques et de grammaire comparée des langues indo-européennes à l'Université de Limoges. Il a enseigné à Paris X (1968-1975) et à Poitiers (1975-1983). Les travaux de cet agrégé de grammaire, titulaire de deux doctorats d'État (Lettres et Sciences Humaines, Science Politique), portent sur la linguistique historique ainsi que sur la science, la logique et la philosophie grecques et leurs prolongements médiévaux.