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Pour Galien, 129-199 ap. J.-C., médecin grec dont l'influence a été sans égale jusqu'aux temps modernes, on ne saurait limiter la médecine à ses catégories, telles que l'anatomie, la physiologie ou la thérapeutique. Son dessein, énoncé avec la plus grande acuité dans les présents traités, est plus vaste. Partant du jeu complexe des passions humaines et de la conception matérialiste qu'il s'en fait (les passions dépendent de la chimie des humeurs corporelles), il élabore une hygiène psychique par bien des aspects radicale. Elle prend en compte la correction des erreurs de l'âme aussi bien que des limitations innées ou acquises de la nature humaine, théorie dont on ne trouve guère d'équivalent dans l'Antiquité. Et qui pose cette question essentielle: la médecine du corps est-elle aussi médecine de l'âme, et donc du comportement humain, dans ses dimensions individuelles et sociales? Peut-elle, doit-elle prendre le pas sur la pédagogie et la philosophie? Somme toute: la médecine doit-elle être le moteur de toute éthique? Terpsichore Birchler et Anne-France Morand, hellénistes, enseignent le grec au collège de Genève; Vincent Barras est historien de la médecine à l'institut Louis Jeantet (Université de Genève).