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Le grec, disparu d'Europe depuis les Grandes Invasions, fit un retour spectaculaire au XVe siècle. Mais l'enthousiasme des humanistes pour la langue d'Homère a fait oublier la violence des résistances que lui opposèrent les maîtres scolastiques. Lorsque Érasme osa contester la Vulgate latine au nom de la « vérité » grecque (1516), le scandale éclata publiquement et Luther en prit argument pour contester l'autorité de Rome, si bien que les hellénistes furent accusés de faire le jeu de la Réforme. Le statut du grec se vit étroitement lié à celui de l'hébreu, l'autre langue sacrée rivale du latin (l'Affaire Reuchlin). Pour extirper le mal à sa racine, le concile de Trente décida finalement d'imposer la légitimité du latin biblique (1545) et d'interdire l'accès aux sources grecques et hébraïques, puis de mettre à l'index les principaux hellénistes et leurs imprimeurs. Les études grecques allaient en rester durablement affaiblies dans l'Europe de la Contre-Réforme. En faisant revivre les Œuvres et les hommes qui en furent les acteurs, et en dévoilant ses véritables enjeux, ce livre retrace les deux siècles de cette bataille du grec, restée un « point aveugle » dans l'histoire de la culture occidentale. Jean-Christophe Saladin est docteur en Histoire.