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Comment refonder des communautés politiques au Nouveau Monde, après les brutalités et les destructions engendrées par la conquête espagnole? Les formes d'association corporative inventées par l'Europe médiévale offrent un cadre juridique et religieux capable d'intégrer colonisés et colonisateurs dans la monarchie catholique. Capitale de la Nouvelle-Espagne, Mexico voit s'épanouir durant plus de trois cents ans ce corporatisme conquérant. Multiethnique et incorporée, la cité adopte et incarne les paradigmes de la république chrétienne, très loin du modèle de l'État moderne tel qu'il se construit alors en Europe. Bien commun et bon gouvernement, service de Dieu, du public et du roi: tels sont les termes clé de la culture politique, qui se concrétisent dans des biens collectifs et des services publics, des liens de réciprocité nourris par le don et le contre-don. La république chrétienne est-elle réformable? Au XVIIIe siècle, la monarchie espagnole entreprend sa modernisation en assignant au corps politique des finalités plus sécularisées: utilité temporelle, gouvernement économique, félicité publique, diffusion des Lumières. Certaines corporations montrent alors une singulière capacité d'adaptation, mais c'est au détriment des principes du bien commun et de l'unité du corps politique. À la veille de l'Indépendance, au début du XIXe siècle, l'organisation corporative, même modernisée, se révèle bien peu préparée à affronter les défis de la formation de l'État-nation moderne. Annick Lempérière, professeur d'histoire de l'Amérique latine à l'Université Paris-I Panthéon-Sorbonne, a publié Les clercs de la nation. Intellectuels, Etat et société civile au Mexique, XXe siècle. Auteur de nombreux articles concernant l'histoire politique du Mexique, elle a dirigé avec François-Xavier Guerra l'ouvrage collectif Espacios publicosen Iberoamérica. Ambigüedades y problemas.