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Du roman courtois au roman baroque, quelles ruptures, quelle continuité? Les romans des XVIe et XVIIe siècles, lointains ancêtres du roman contemporain, se sont-ils construits par opposition au roman médiéval, ou dans une filiation plus ou moins avouée? Telle est la question à laquelle ont essayé de répondre la trentaine de spécialistes réunis du 2 au 5 juillet 2002 à l'Université de Versailles – Saint-Quentin-en-Yvelines. En diversifiant les angles d'approche, en interrogeant tour à tour la merveille et l'amour – ces deux piliers du roman médiéval –, les stratégies narratives, le rapport à l'éthique et aux idéologies, les poétiques immanentes et les rencontres génériques, ils ont tenté de cerner les contours d'une évolution complexe où tantôt l'innovation se glisse subrepticement au sein d'un maintien affiché de la tradition, et où tantôt au contraire une volonté affichée de rupture dissimule la permanence souterraine de certaines pratiques ou de certains concepts. Du XIVe au XVIIe siècle se laisse ainsi percevoir une série de mutations d'autant plus multiformes que le roman, genre novateur mais mal défini, absent du système générique légué par l'Antiquité, connu pour sa tendance à phagocyter d'autres genres, est en fait un genre éminemment social, très sensible donc aux mutations d'une société dont il intègre et répercute les désirs ou les fantasmes. Mais en même temps, à travers un effort de théorisation croissant où le roman médiéval, face au roman de l'âge baroque, sert tour à tour de modèle et de repoussoir, se tisse peu à peu le fil d'une continuité et même d'une spécificité romanesques, porteuses de siècle en siècle des aspirations de la « modernité » littéraire.