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Le Rwanda d'après le génocide est loué pour sa bonne gouvernance technocrato-bureaucratique et les performances socio-économiques qui en résultent. En focalisant sur cette gouvernance politique, Filip Reyntjens montre l'autre face de la médaille. Il étudie la façon dont le Front patriotique rwandais (FPR) a pu, après sa victoire militaire en 1994, établir et consolider son hégémonie. Son pouvoir sans partage repose sur l'élimination de l'opposition et de la société civile, l'organisation d'élections profondément viciées, la promulgation de lois criminalisant les opinions dissidentes et la terreur d'État. Le régime a massacré ses propres citoyens à grande échelle, tant au Rwanda qu'en République démocratique du Congo. Il a marginalisé la majorité hutu, notamment en la déclarant collectivement coupable du génocide des Tutsi. La gestion de l'information a été l'instrument central de ce projet hégémonique: le FPR s'est arrogé le monopole de la vérité sur le passé, le présent et l'avenir du pays, ce qui lui a permis d'affronter le monde avec arrogance et d'imposer la tolérance pour ses propres crimes. La gouvernance politique gravement défectueuse a engendré une grande violence structurelle qui pourrait provoquer de nouveaux conflits au Rwanda et au-delà de ses frontières. Spécialiste de renommée mondiale de la région des Grands Lacs, Filip Reyntjens, qui a vécu au Rwanda et y a tissé de nombreux liens, est professeur à l'Institut de politique et de gestion du développement (IOB) de l'Université d'Anvers.