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Chacun ressent aujourd'hui le poids des indicateurs comptables qu'il faut renseigner, dans toutes les organisations, publiques ou privées, à tous les échelons hiérarchiques, provoquant de plus en plus souvent incompréhensions, frustrations ou blocages. Dans le même temps, les notations financières semblent forcer les gouvernants à proposer partout les mêmes politiques, standardisées. Aux citoyens comme à leurs représentants, les chiffres financiers et comptables paraissent dicter leurs lois. Ce livre propose une plongée dans l'histoire des chiffres qui nous gouvernent à travers celle d'une revue scientifique anglaise critique, Accounting, Organizations and Society (AOS), qui observe, de l'intérieur même de la profession comptable, l'envahissement des comptabilités qui s'est opéré en quelques décennies. Créée en 1976 alors que le mouvement s'accélérait sous l'effet à la fois des crises budgétaires mais également de la démocratisation des ordinateurs, AOS constitue un observatoire unique et méconnu de cette invasion comptable qui a transformé en profondeur nos sociétés. Dans un style très clair, Fabrice Bardet défend la thèse d'une contrerévolution comptable. Il distingue les différentes catégories de chiffres qui formatèrent les gouvernements au gré des époques, et permet de comprendre comment les comptabilités d'aujourd'hui s'opposent aux statistiques qui s'étaient imposées au XXe siècle à travers ce que les historiens nommèrent la « révolution probabiliste ». On envisage mieux les formes nouvelles du gouvernement contemporain qui ne cherche plus à prévoir ou à identifier les besoins collectifs sur le long terme, et se focalise à l'inverse sur l'instant présent et les responsabilités individuelles. Novateur et précis, ce livre offre une perspective inédite sur les chiffres qui nous gouvernent et propose des pistes pour reprendre leur contrôle, voire dessiner à nouveau des perspectives de progrès. Ingénieur de l'ENTPE et docteur en science politique de l'Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, Fabrice Bardet est chargé de recherches au laboratoire EVS-RIVES de l'Université de Lyon. Dans la lignée des travaux d'Alain Desrosières, il y développe depuis plusieurs années un programme de sociologie de la quantification. Il enseigne à Sciences Po Paris, au sein de la Paris School of International Affairs, ainsi que dans plusieurs universités et écoles lyonnaises.