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Le 18 août 2008, dix soldats trouvent la mort dans l'embuscade d'Uzbin en Afghanistan et les Français prennent conscience qu'ils sont en guerre. 90 morts, 700 blessés, 70 000 hommes engagés depuis 2001. Le terrain afghan ravive les mauvais souvenirs de la guerre d'Algérie: les insurgés se cachent parmi la population. Un homme qui vous salue un soir peut vous tirer dessus le lendemain. La menace est permanente: embuscades répétées, mines artisanales, tirs de roquettes jusque dans les bases militaires de la coalition. Cette année-là, Pauline Maucort commence à recueillir les histoires de militaires qui rentrent d'Afghanistan. Elle rencontre des jeunes hommes qui roulent dans de grosses cylindrées rutilantes payées avec leurs primes de risque, mais qui n'ont aucun projet d'avenir. Beaucoup disent s'être engagés spécialement pour « faire l'Afgha », parce qu'ils imaginaient que ce serait comme « World of Warcraft ». Ils reviennent déçus, amers, et ont le sentiment que personne ne veut entendre ce qu'ils ont vécu au nom de la France. Ils parlent de leur dégoût pour l'odeur de viande grillée, de leurs cauchemars, de leur addiction à l'alcool, puis disparaissent sans donner de nouvelles. Pauline Maucort insiste et veut savoir ce qui motive ces jeunes volontaires à s'engager alors que le service militaire obligatoire est supprimé depuis 1997. Beaucoup parlent de cette intensité inouïe partagée entre camarades sur le front qui donne envie de repartir dès le retour en France, du dépassement de soi, de l'engagement pour la cause, du besoin d'amour, de la camaraderie, de la jalousie, des fous rires, des colères noires, de la fatigue extrême, des doutes et de l'espoir... Comme un miroir grossissant la guerre révèle le meilleur et le pire de l'âme humaine. D'un côté, ce sentiment d'être pleinement vivant au combat, de l'autre, les syndromes de stress post-traumatiques et les suicides. Que se passe-t-il entre le front et le retour? Puisque l'armée française se tait, Pauline Maucort donne la parole à ses soldats, malgré leurs réticences, leur peur de choquer, d'être jugés. Ces hommes ont vu la mort de trop près, effrayés même à l'idée d'en parler. Elle attend. Elle revient. Elle écoute ces revenants buter sur les mots qu'elle recueille un à un. Ils donnent des détails, elle les assemble, cela donne une mosaïque.