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Les cinq premiers siècles de l’histoire de Rome sont présentés par les auteurs antiques comme un mouvement de conquête inexorable de l’Italie, ponctué de multiples victoires, au point que la suprématie romaine a été conçue a posteriori de façon déterministe. Cette vision traditionnelle de la conquête romaine doit être contestée car ce processus n’a pas été linéaire et il n’a obéi à aucun plan préconçu. En effet, des défaites nombreuses viennent souligner des phases de déclin de la cité, bien éloignées d’un schéma de prépondérance croissante et incontestée. Bien qu’ils privilégient la victoire, les historiens antiques décrivent ces défaites avec précision, détaillant le nombre de citoyens tués ou faits prisonniers, retraçant le deuil public, l’abandon de la cité par les dieux, s’interrogeant enfin sur la responsabilité des dirigeants romains. La documentation antique conservée, littéraire et matérielle, permet d’étudier comment Rome se perçoit lorsqu’elle est vaincue et comment les ennemis des Romains célèbrent leurs victoires contre la cité latine ; autrement dit, le rôle déterminant des échecs militaires dans les transformations institutionnelles, religieuses et civiques de Rome entre le VIIIe et le milieu du IIIe siècle avant notre ère. La conquête romaine, longtemps présentée comme linéaire et inexorable, est en réalité ponctuée de défaites susceptibles de mettre en danger la souveraineté voire l’existence de la cité. Avec une minutie admirable, l'auteur a traqué les défaites romaines des premiers siècles. Certaines étaient connues. D'autres étaient maquillées, atténuées. Mieux : si les Anciens les signalaient, ils les sélectionnaient et les inséraient dans des récits pour démontrer la supériorité de Rome qui dépasse l'échec militaire. En un mot, une formidable entreprise de désinformation !