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Cette enquête à partir de l'exploitation de sources inédites et de la reconstitution de biographies d'entrepreneurs ruraux explore l'industrie et l'entreprise dans les campagnes médiévales. <p>Le Moyen Âge n’est pas uniquement le temps des seigneurs et des paysans, ni celui des métiers urbains et de l’artisanat. L’industrie et l’innovation technique ne sont pas exclusivement le champ d’action des marchands banquiers des grandes cités.
Cet ouvrage, fondé sur une enquête au plus près des sources, et qui emprunte ses méthodes à la micro-histoire, restitue une autre réalité et propose un autre modèle économique des campagnes médiévales. Le lieu en est la vallée du Vallespir qui borde le massif du Canigou (Pyrénées-Orientales) et, en particulier, le bourg d’Arles-sur-Tech. Le temps est celui de la fin du Moyen Âge, les XIVe et XVe siècles, quand la Couronne d’Aragon s’étend au nord des Pyrénées.
Des milliers d’actes notariés témoignent encore aujourd’hui de la passion de l’écrit qui traverse cette société de montagne et se concrétise dans les études des notaires des bourgs et des villages. Les affaires s’y nouent, les contrats sont établis, les réussites et les échecs enregistrés.
La vallée du Vallespir est un district industriel, traversé et unifié par des circulations de produits, de capitaux et de savoirs, portées par des entrepreneurs ruraux dont les biographies ont été patiemment reconstituées. Elles permettent d’explorer de façon neuve l’économie des campagnes. Entreprises muletières, teintureries et ateliers de corroyage, mines, forges et fonderies, scieries sont des lieux de travail où se croisent mains-d’oeuvre locales et étrangères, souvent qualifiées et aux horizons lointains. Si les financements de l’industrie peuvent provenir de la ville proche, des membres de la notabilité des bourgs pourvoient activement aux investissements dans des entreprises qui sont souvent détenues par leurs voisins et leurs proches. Ces espaces de travail et d’échanges sont aussi des territoires techniques où se déploient des innovations comme autant d’expériences partagées et simultanées à l’échelle du continent européen et dont témoigne aussi l’industrie au village.</p> Catherine Verna choisit une approche micro-historique qui prête autant d'attention aux techniques qu'aux individus, saisis dans leur action quotidienne et non comme une masse indistincte. Jusqu'à présent, la notion d'« industrie» plongeait les médiévistes dans l'embarras et la perplexité : ce terme n'était-il pas anachronique ? Ne devait-on pas plutôt parler d'« artisanat »? Le livre de Catherine Varna répond de manière claire et solide à ces questions, en donnant au préalable une définition précise de l'industrie, décrite comme « une production importante, régulière, de qualité constante, et dépassant le marché local ». Pour l'historienne, une telle production existe bel et bien au Moyen Âge.