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Cette biographie, considérée par beaucoup comme la meilleure jamais dédiée à Machiavel, est également un moyen d’accès privilégié à l’histoire de sa pensée. « Nicolas, nous vivons à une époque où, si jamais l’on fut sage, il faut maintenant l’être. Je ne crois pas que votre philosophie puisse être jamais accessible aux fous, et les sages ne sont pas suffisamment nombreux : vous comprenez ce que je veux dire, même si je ne présente pas les choses aussi joliment que vous... »
Lettre de Filippo Casavecchia, commissaire de la République florentine à Barga, 17 juin 1509.
Machiavel est une énigme. Ce nom a traversé l’Histoire avec autant de fascination méfiante que de haine admirative. Né en 1469 à Florence où il meurt en 1527, Nicolas Machiavel sera tour à tour secrétaire de la république, diplomate, déchu par les Médicis, mis à l’écart de la vie publique, exilé, banni, loué, haï. Sa vie est un roman, son action politique méconnue, son œuvre érigée comme l’un des plus importants chapitres de la philosophie politique, et sa postérité aussi sulfureuse qu’hétéroclite. En moins de quinze années, fort de son expérience, il rédigera parmi les plus influents livres d’histoire politique jamais écrits : Discours sur la première décade de Tite-Live (1513-1519), Histoires florentines, ce qu’il nommait des « balivernes » : la Mandragore... son œuvre la plus célèbre ne fut pas publiée de son vivant : Le Prince (1532). Tous, de Frédéric le Grand à de Gaulle, en passant par Napoléon, l’ont lu. Ces deux derniers s’en sont d’ailleurs défendus.
De lui, on a tout dit et l’on a peu conclu. Peut-être parce qu’il pose la question : que faire de la distance entre l’espoir et le réel ?
Avec un remarquable talent de conteur et défaisant les stéréotypes, Roberto Ridolfi fait revivre Nicolas Machiavel. Sans jamais séparer la pensée de la vie, il dévoile l’humanité d’un homme en partie consumée par le travail du temps.
Si l’empathie irrigue l’érudition, Ridolfi se montre implacablement attentif au mot juste – dans son entourage historique, littéraire et psychologique. Et c’est certainement du fait de cette double exigence que beaucoup considèrent cette biographie comme la meilleure jamais dédiée au grand Florentin. C’est toute l’importance de cette scrupuleuse traduction annotée de Paul Larivaille que de donner à lire le travail de l’historien (florentin lui-même) Roberto Ridolfi (1899-1991), toujours « attentif au mot juste » et à ne jamais séparer vie personnelle de l’auteur du Prince et philosophie politique. Un grand livre. Empathique et érudite sur les plans historique, littéraire et psychologique, cette biographie, écrite entre 1954 et 1978, s’impose comme l’une des meilleures jamais dédiées au grand Florentin. [...] On y découvre un esprit éclectique, grand penseur politique mais aussi historien facétieux, poète et homme de théâtre. Bien écrite, largement documentée, analysant tout autant la personne Machiavel que le contexte florentin de son époque, cette biographie est une référence tant historique qu’intellectuelle. Elle permet de dépasser les médisances et de découvrir le véritable auteur du Prince. Roberto Ridolfi a consacré sa vie au Florentin, publiant une première fois cette biographie en 1954, puis remettant sans cesse le fer au feu, corrigeant, élargissant son propos, le peaufinant même, jusqu'à une septième et dernière édition. C'est celle-ci qui est proposée en traduction française, donnant à percevoir
l'humanité de Machiavel, par ailleurs anticlérical doté de la foi. Celle d'un homme de son temps...