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<p>Even today, Jacques de Molay continues to fascinate. Of the twenty-three Grand Masters who succeeded each other as head of the Order of the Temple from 1120 to 1312, he is undoubtedly the only one still recalled by history buffs. Maurice Druon’s book, <em>Les Rois maudits</em>, immortalized him, and recent works, from the <em>Da Vinci Code</em> to <em>Assassin’s Creed</em>, have spread his name throughout the world. Although he may be rooted in myth, Jacques de Molay has hardly captivated historians. He is an “unknown celebrity,” typically disparaged, about whom much is still uncertain, even his key dates: his birth, election, and even his death. Traces of his actions, however, are far from sparse. It is these sources that the author has systematically studied and compared to various existing memoirs, which promise to throw new light on the Grand Master: rid of stereotypes, Jacques de Molay can finally emerge from the shadows. </p> <p>This book is divided into three parts. The first deals with representations of the dignitary, revealing how, from the early 19th century on, an archetype of him as a tragic hero came about. The second, beyond the character, focuses on the man, and explores the path of his life to establish how he became the leader of the Temple with whose fate—from the Holy Land to the jails of Philippe le Bel—he identified. Lastly, Jacques de Molay’s commitments form the core of the third part. His support of the Latin East and the defense of his Order, which he strove to adapt as best he could to a situation fraught with perils, were the priorities of a staunch and enterprising man, one very unlike the inept person that too many authors describe. Thus, even through the torment of the Temple trial, he tried to ward off risk in order to safeguard his institution, and once the latter’s destruction was decided and decreed, to preserve its memory as he confronted the judges and death. He did this on March 11, 1314, retracting some of the confessions that had been extracted from him while under torture six-and-one-half years earlier, prepared to face being burned at the stake and to make this ultimate sacrifice of his life, for which posterity avenged him by seeing in his death, with the passing centuries, the compelling case of a martyr.</p> <p><br /><em><strong>Philippe Josserand</strong>, who holds an</em> agrégation <em>in History and is a former member of École Normale Supérieure, is today a senior lecturer in the History of the Middle Ages at Université de Nantes. A recognized expert in the Crusades and military orders, he coordinated, with Nicole Bériou, </em>Prier et combattre. Dictionnaire européen des ordres militaires au Moyen Âge <em>(Fayard, 2009), and recently co-directed </em>The Templars and their Sources <em>(Routledge, 2017</em>), Entre horizons terrestres et marins. Sociétés, campagnes et littoraux de l’Ouest atlantique <em>(PUR, 2017), and </em>À la rencontre de l’Autre au Moyen Age<em> (PUR, 2017).<br /></em></p> Jacques de Molay fascine. Parmi les vingt-trois grands-maîtres qui se sont succédé à la tête de l’ordre du Temple entre 1120 et 1312, il est sans doute le seul dont le public conserve la mémoire. Jacques de Molay fascine. Parmi les vingt-trois grands-maîtres qui se sont succédé à la tête de l’ordre du Temple entre 1120 et 1312, il est sans doute le seul dont le public conserve la mémoire. <em>Les Rois maudits</em> de Maurice Druon l’ont immortalisé et de récents supports, du <em>Da Vinci Code</em> à <em>Assassin’s Creed</em>, ont répandu son nom dans le monde entier. Pourtant, s’il est ancré dans le mythe, Jacques de Molay n’a guère captivé les historiens. Il est un « inconnu célèbre », d’ordinaire déprécié, sur lequel bien des incertitudes persistent jusque pour ses dates essentielles – sa naissance, son élection ou même sa mort. Les traces de son action, toutefois, sont loin d’être indigentes. Ce sont ces sources, étudiées de façon systématique et confrontées aux différentes mémoires existantes, qui offrent de jeter un nouvel éclairage sur le grand-maître : débarrassé des stéréotypes, Jacques de Molay peut enfin sortir de l’ombre. <br /><br />Trois parties structurent le livre. La première traite des images du dignitaire, révélant comment, à partir du début du XIXe siècle, un archétype du héros tragique s’est mis en place. La seconde, par-delà le personnage, s’attache à l’homme et elle analyse son parcours pour établir la manière dont il s’est élevé jusqu’au sommet du Temple au sort duquel, de la Terre sainte aux geôles de Philippe le Bel, il s’est identifié. Les engagements de Jacques de Molay, enfin, sont au cœur de la troisième partie. Le soutien à l’Orient latin et la défense de son ordre, qu’il s’est efforcé d’adapter au mieux à une conjoncture lourde de périls, ont été les priorités d’un homme ferme et entreprenant, bien loin de l’incapable que trop d’auteurs décrivent. Ainsi, jusque dans la tourmente du procès du Temple, il a cherché à parer au risque, à sauvegarder son institution et, une fois résolue puis arrêtée la perte de celle-ci, à en préserver la mémoire face aux juges et à la mort : il le fit, le 11 mars 1314, en rétractant des aveux arrachés six ans et demi plus tôt par la torture, prêt à affronter le bûcher et à réaliser ce sacrifice ultime de sa vie dont la postérité l’a vengé en y trouvant, au fil des siècles, l’assurance croissante du martyre.