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Les chansons dites populaires ne sont ni aussi anciennes ni aussi naïves qu’elles le paraissent. On le sait, mais on ne peut s’empêcher de leur chercher des ancêtres, chez qui ces caractères seraient authentiques. On remonte ainsi jusqu’au Moyen Âge et on constate que les chansons médiévales entretiennent la même illusion, aimant à se faire passer pour anciennes ou populaires, même quand elles ne le sont pas. Pourquoi sommes-nous sensibles à la séduction d’une poésie qui se donne pour enracinée dans les profondeurs du passé et dans l’enfance des individus et des peuples ? Pourquoi la poésie de toutes les époques, même les plus reculées, équilibre-t-elle ses productions nouvelles et savantes par d’autres marquées artificiellement des signes de l’ancienneté et de la simplicité ? En quoi ce trait appartient-il à la nature même de la littérature ? Ces questions sont étudiées ici à travers l’exemple des chansons, particulièrement parlantes en la matière. Ce corpus enchanteur est l’occasion pour Michel Zink de proposer une promenade dans un paysage sonore qui a su traverser les époques et s’inviter dans la littérature jusqu’à la période contemporaine. Cet ouvrage comprend la leçon inaugurale de Michel Zink au Collège de France et le cours qui l’a prolongée.