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« Depuis que je t'ai quitté après t'avoir parlé, tous les malheurs ont fondu sur moi. [...] Car une fois parvenu à la maison, le pire succéda au mal. En effet, mon père était mort depuis plusieurs jours, et c'est à ce moment que j'appris ce malheur. Imagine la catastrophe. Là-dessus, une grave maladie m'étrangla moi aussi un long moment. Et aujourd'hui, après avoir échappé à grand peine aux nombreux avis des médecins, elle a laissé mon corps dans un tel état que je n'ai aucun plaisir à manger, mais je reste couché comme ceux qui sont enchaînés, et mes membres ne valent pas mieux que ceux des gens flétris par une vieillesse prématurée. » Nicolas Cabasilas a 41 ans quand il écrit cette lettre à Kydonès, son ami d'enfance. Sa biographie comporte encore beaucoup de zones obscures. Il semble pourtant que ce personnage tienne dans l'histoire du XIVe siècle byzantin une place plus importante que celle que les historiens lui ont accordée jusqu'ici. Le théologien, le commentateur de la liturgie, l'auteur d'éloges de la Mère de Dieu et des saints a quelque peu éclipsé l'homme politique impliqué dans les conflits de son temps, conseiller de l'empereur Jean VI et auteur d'œuvres juridiques et polémiques. Pour mieux cerner le personnage, sa correspondance, apparaît comme la première des œuvres à traduire, car la plus susceptible d'apporter des éléments concrets à sa biographie mais elle est aussi un document important pour la connaissance du milieu humaniste (« peut-on être parfait sans la culture ? ») et politique (il échangea plusieurs lettres avec l'empereur Manuel II, à l'époque où celui-ci rédigeait son Dialogue avec un musulman). Le présent volume regroupe, par ordre chronologique, les dix-huit lettres de Nicolas Cabasilas et les douze qui lui furent adressées, ainsi que, en annexe, une lettre de D. Kydonès à Manuel II à propos de Cabasilas. C'est la première traduction en langue française de la plupart de ces lettres, dont toutes celles de Cabasilas.