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Enmars 1957, la presse annoncela mort d'un « petit avocat musulman »: « Qui a tué Maître Boumendjel? » titre France Observateur. On s'interroge sur un faux suicide. Mais que faisait donc ce« modéré» entre les mains des« paras»? Pourquoi a-t-il étéassassiné, comme le reconnaîtra le général Aussaresses dans ses mémoires en 2001? L'homme était un militant de l'Union démocratique du Manifeste algérien (UDMA), l'organisation de Ferhat Abbas.Son parti, perçu commemodéré, bourgeois, francophone et intellectuel a été gommé de l'histoire officielle algérienne et largement ignoré par les historiographies françaises et algériennes. Au moment de son arrestation, Boumendjel faisait le lien entre la direction de l'UDMA et la direction algéroise du FLN. Il conjuguait alors, comme il l'avait toujours fait sans complexe, la culture française avec un nationalisme algérien, républicain et démocratique. Il y a plusieurs histoires dans cette histoire:une histoire française et une histoire algérienne, celle d'une affaire qui a secoué les intellectuels français et l'histoire d'un héros et d'un martyr. L'une et l'autre éclairent d'une lumière nouvelle les récits existants. Au mépris qu'Aussaresses exprime à l'encontre de cet intellectuel, aux abracadabrantes explications qu'il donnede son arrestation, il est nécessaire d'opposer un travail d'historien.À l'histoire officielle algérienne, qui tente aussi d'intégrer Ali Boumendjel parmi ses martyrs en schématisant son parcours, il était important d'opposer la richessed'une biographie familiale,la complexité d'un engagement politique nuancé et d'un idéal à la fois algérien et républicain, partagé par nombre denationalistes d'alors,et susceptible de trouver aujourd'hui un écho de l'autre côté de la Méditerranée.