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Dans la tradition occidentale, depuis à tout le moins que les citoyens d'Athènes ont pris place sur les gradins de Dionysos pour assister, sous l'hallucinant patronage du dieu du vin et de la scène, aux premiers festivals dramatiques, le théâtre a partie liée avec le sacré. Mais de l'Antiquité à nos jours l'art du spectacle s'est métamorphosé; et l'on se convainc désormais que le sacré n'est pas non plus une notion immuable et éternelle. De sorte que ce n'est pas seulement le mode de nouage de l'un à l'autre qui s'est transformé, mais aussi la nature même des brins dont l'entrecroisement fournit le thème de ce recueil. Conscients qu'il y aurait maladresse, sinon sacrilège, à trancher trop hâtivement le nœud gordien, les chercheurs du groupe Théâtres, Langages, Sociétés de l'Université d'Avignon et des Pays du Vaucluse ont préféré suivre le trajet sinueux des deux fils pour comprendre comment ils s'entrelacent. À chaque époque, en chaque lieu différemment. Car selon que le sacré se définit dans ou contre le religieux, face à un domaine profane affirmé comme tel ou en son absence, selon que le théâtre est institution culturelle ou spectable laïc, le dessin qu'ils forment en se combinant varie. De continuités en ruptures, d'innovations en retours aux sources ou resémantisations, le lecteur est conduit des temps anciens à la plus actuelle modernité et convié à s'interroger: n'est-ce pas d'utiliser ces très inquiétants matériaux, le corps humain, la voix humaine, que le théâtre acquiert cette connivence jamais formulée semblablement mais sans cesse réaffirmée avec le sacré?