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Ce que l'on a pu dire des peuples peut s'appliquer aux institutions: dpourvues de lgende, elles sont condamnes prir de froid. Le Collge de France n'est pas menac de ce sort polaire. Ses origines, au seuil de l'poque moderne, plongent dans un merveilleux qui n'a cess de frapper l'imagination au cours des sicles successifs. Ce merveilleux, c'est celui de la Renaissance des bonnes lettres en France, c'est celui du grand roi Valois, Franois Ier, qui s'en fit le patron et le mcne. On ne l'a peut-tre pas assez mis en vidence, ce merveilleux est de souche savante, il a t invent par des doctes, il a t propag par l'crit et l'imprim, il est un bien commun de la Rpublique des Lettres qui s'est ainsi reprsent son acte de naissance en France. Il ne doit rien aux narrations orales des lgendes dores ou des contes populaires. C'est le merveilleux d'une Ide jaillie dans l'imagination de philologues et de potes: ils rvrent la fondation par leur roi d'une fabrique idale qui abriterait le loisir crateur de matres trs rudits et de leurs disciples surdous, un palais du savoir pourvu d'une richissime bibliothque, de salles de cours o se presserait la fine fleur de la jeunesse studieuse, d'une imprimerie aussi fconde en beaux et bons livres que celle d'Alde Venise, et de galeries sur jardin comme on les aimait dans les chteaux franais, o matres et disciples se promneraient en reprenant, aprs treize sicles, la conversation interrompue des nuits attiques d'Aulu-Gelle. Tout ce que l'homme peut savoir y serait runi et enseign. Seul Franois Ier pouvait offrir au monde un tel luxe de l'esprit. Les textes ne manquent pas (et ils se compltent d'un auteur l'autre) dcrivant cette nouvelle Domus aurea qui aurait t la fois Acadmie de Platon, Lyce d'Aristote et Bibliothque-Muse d'Alexandrie.