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Marc PORÉE, Swinburne par lui-même, ou la preuve par l'absurde Rien de tel qu'un auto-pastiche pour mettre en lumière les maniérismes d'un écrivain. À condition de ne pas en rester là, et de confronter en retour « Poeta Loquitur » et « Nephelidia » à l'original de la production de Swinburne. Autant par respect pour le poète, et ils ne sont pas nombreux à le faire, qui attire lui-même l'attention sur ses propres travers, que par égard envers sa poésie qui vaut assurément mieux que son travestissement absurde, fût-il brillant. C'est l'occasion, mais là n'est pas le propos central de l'article, de confirmer qu'une bonne partie de l'œuvre de Swinburne a partie liée avec la parodie « sérieuse », ainsi que le dirait Genette. Rien de tel, ensuite, qu'un détour par une réflexion de Yves Bonnefoy, pour s'interroger sur la pertinence de la notion de « présence » chez Swinburne, en particulier dans « The Lake of Gaube ». On finira de mettre à l'épreuve sa poétique, à la lumière cette fois des vertus prêtées par Roland Barthes à l'« inexpression ». There is nothing like a self-pastiche to highlight the mannerisms of a writer. Provided one does not leave it at that and confronts "Poeta Loquitur" and “Nepheledia” to Swinburne's original production, out of respect for the poet who was bold enough to draw attention to his own shortcomings (and not that many will do so), and for his poetry, which is worth far more than its nonsensic misrepresentation, however brilliant the spoof may be. In passing, this should only confirm the seriously parodic nature of much of what Swinburne produced in the course of his career. The next step is a detour, via the examination of the notion of “presence” inherent to poetry as claimed by Yves Bonnefoy. After bringing the latter's insights to bear on “The Lake of Gaube,” one will avail oneself next of the views voiced by Roland Barthes, on the need for “(in)expression,” so as to complete the process by which Swinburne's poetry is put to the test. Denis BONNECASE, Harmonie et silence chez Swinburne Le texte swinburnien est souvent proliférant, lieu par excellence de l'infini de la poésie et du jeu de ses signifiants. Cependant, il est aussi, pour qui prête une oreille attentive à la régularité de sa pulsation métrique, hanté par un rêve d'harmonie et de silence. L'analyse de certains poèmes essentiels (« A Match », « The Garden of Proserpine », « A Nympholept ») permet alors de voir à l'œuvre le travail du désir dans la création de Swinburne, désir de totalité et de repos fantasmés par le mythe saphique qui rêvera le texte comme océan. Swinburne's proliferating textuality is the very site of the infinity of poetry and its interplaying signifiers. However, such a textuality is also, to the reader paying special attention to the regularity of its metrical pulsation, haunted by a dream of harmony and silence. Analyzing such essential poems as “A Match,” “The Garden of Proserpine,” and “A Nympholept” may give us the opportunity of assessing the working of desire in Swinburne's creative process, a desire for totality and absolute rest ultimately elaborated by his Sapphic myth with its fantasy of the text of poetry as ocean. Sébastien SCARPA, Swinburne et la critique de la raison poïétique Cet article postule que la disparition du Divin bouleversa la conception que Swinburne se faisait de la notion de sens. Que peut bien signifier un poème, s'interrogeait le poète, si le Logos — soit, le principe même de toute signification — est, en lui-même, illusoire ? Ne correspond-il pas, au fond — et à l'opposé des théories de la métaphysique occidentale —, à une pure émanation du soi, au résultat d'un puissant désir d'expression qui n'a de but que d'exprimer ? L'œuvre de Swinburne oscille ainsi entre deux modalités: celle de la volonté romantique (et idéaliste) qui vise à révéler le Réel ultime, à manifester — en l'articulant au sein de l'espace textuel — ce qui demeure généralement implicite, et celle d'un usage intensif et quasi-asignifiant du langage correspondant à un déploiement des forces du vivre à travers l'œuvre d'art. Si les poèmes de Swinburne perpétuent une évaporation systématique du sens, s'ils aspirent, en somme, à devenir musique, c'est que, dans l'esprit de leur auteur, ils trouvent leur point d'émergence dans l'espace originaire et pré-réflexif de la chair émotionnelle. The article posits that the disappearance of God affected Swinburne's approach to the notion of meaning. What is a poem supposed to signify, the poet wondered, if the Logos—that is, the very principle of signification—is, in itself, an illusion? Is it not, after all—and at the opposite of the theories of Western metaphysics—, a pure emanation of the Self, the result of an overcharged desire to express oneself for expression's sake only? Swinburne's work therefore vacillates between two modes: that of the Romantic (and idealistic) will to unveil the ultimate Real, to make manifest and articulate, within the textual space, what is usually implicit, and that of an intensive and almost asignifying use of language corresponding to the expansion of the forces of life through the work of art. If Swinburne's poems keep carrying out a systematic evaporation of meaning, if they aspire, in other words, to the condition of music, it is because they emerge, as their author believed, from the primal space of corporeal and pre-reflective emotion. Pascal AQUIEN, Poétique de l'écart: l'exemple de « Cyril Tourneur » En se fondant sur une analyse du sonnet « Cyril Tourneur », cet article étudie la façon dont le poète, conscient d'un écart entre le langage et le réel, montré à la façon d'un monde étrange, n'en souligne que plus vivement la puissance et la densité du signifiant. Cette étude propose ensuite une interprétation du titre. This paper, based on an analysis of Swinburne's “Cyril Tourneur,” assesses the poet's use of imitative harmony, and discusses his mimetic attempt to bridge the gap between language and the real. It also shows how the poem builds up an unlikely image of the world so as to take the reader back to the powerful mystery of the signifier's density. This point will lead on to an interpretation of the sonnet's title. Lacy RUMSEY, Swinburne et la variation rythmique Cette étude propose une nouvelle analyse de certains types de variation rythmique présents dans la poésie de Swinburne. Elle décrit les différentes réalisations du tétramètre d'« Itylus » avant de se pencher sur les rapports entre mètre et syntaxe dans la structure rythmique des vers à six temps forts. L'analyse utilise le concept de temps fort virtuel, phénomène auquel Swinburne a recours de façon diversifiée et puissante. Deux parodies de Tennyson, composées elles aussi en vers à six temps forts, sont analysées en tant qu'exercices de métaprosodie, dans lesquelles la banalité rythmique s'associe à la banalité de la pensée. L'article en conclut que la façon dont Swinburne manie la variation rythmique n'est pas la cause du sentiment de passivité que certains lecteurs ont éprouvé à la lecture de sa poésie. This article offers a new account of certain types of rhythmic variation in Swinburne's poetry. It describes the various realizations of tetrameter present in “Itylus,” and examines the interrelations of metre and syntax in the rhythmic structure of Swinburne's six-beat lines, drawing, in particular, on the concept of the virtual beat, a phenomenon of which Swinburne is shown to make varied and powerful use. Two of Swinburne's parodies of Tennyson, also written in six-beat lines, are analysed as exercises in meta-prosody, in which banality of rhythm is associated with banality of thought. The article concludes that Swinburne's handling of rhythmic variation is not the cause of the feeling of readerly passivity that some have found his poetry to induce. Charlotte RIBEYROL, Filiations saphiques: de Swinburne à Virginia Woolf et H. D. Cet article met en lumière les filiations secrètes entre l'œuvre hellénique de Swinburne et celle de Virginia Woolf et d'H. D. Les poèmes saphiques de Swinburne sont en effet à décrypter comme autant d'invitations à une lecture autre de la Grèce antique. O...