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Le complot, à l'instar de la trahison, avec laquelle il partage de nombreux points communs, est structurellement un crime du signe, où l'interprétation des faits importe au moins autant que les faits eux-mêmes. Dans la mesure, en effet, où la réussite d'un complot réside pour une bonne part en son degré de clandestinité, le vide discursif qui l'entoure entraîne, par contrecoup, un affolement des interprétations et la production d'un discours explicatif chargé de remplir, tant bien que mal, les interstices d'une connaissance partiellement conjecturale. Avec le complot, la conjuration, l'historien navigue donc entre le domaine fictionnel du signe qu'il doit interpréter et la réalité matérielle des événements et des actes qu'il s'efforce de saisir. Dans une société médiévale du code d'honneur, dans laquelle la morale chrétienne insiste sur les mérites de la lumière, du « visage ouvert » et des « yeux fenêtres de l'âme », le complot, la conjuration n'en apparaissent que plus graves et condamnables. Mais comment condamner ce qui, justement, se cache dans les ténèbres et frise, par essence, avec l'indicible? L'objet de ce recueil, qui repose sur la rencontre de spécialistes de différentes disciplines, est de tenter de répondre à un certain nombre de questions en essayant, justement, d'apporter quelque lumière sur le crime de l'ombre.